Au théâtre, on peut jouer avec les mots. Mais, jouer avec, ce n’est pas seulement les mettre dans tous les sens. Jouer avec les mots, au théâtre, c’est aussi apprendre à les secouer, à les lancer, les avaler, les retenir.

J’ai souvent entendu Sylvie Ollivier, dire aux participants de l’atelier théâtre : « les mots, il faut… il faut les enfoncer dans le sol ! Je veux que vous les enfonciez dans le sol !…  »

Alors on regarde le sol, on est un peu désemparés, forcément. Ce sol, ce béton du Centre d’Animation Daviel, comment on va faire pour enfoncer les mots dedans ? Une fois, deux fois, plusieurs fois, on essaie… Et puis un jour, il se passe quelque chose d’un peu particulier… Il y a comme une résonance dans la pièce, inconnue jusque là. Le mot, il est parti tout seul, et il s’est planté un peu plus loin,  à quelques mètres… Et avant de tomber là, avant de s’enfoncer, il a rebondi sur tous les murs de la salle. Mais pas seulement. Il a fait vibrer le corps des autres acteurs, il est rentré dedans, et il les a fait bouger eux-aussi. Le mot, une fois planté dans le sol, ils se sont mis à sourire comme la jeune fille espiègle de Marivaux ou ronchonner comme les personnages  acâriatres et avares de Molière.

Cette année, le décor est planté dans une gare. Merci aux participants de l’atelier d’ « arts plastiques » qui ont de leurs mains, oeuvré à la réalisation de quelques éléments du décor…

Jean-René Duveau

Psychologue